La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) enregistre 30 000 migrants ivoiriens bloqués dans la zone par la fermeture des frontières du fait du COVID-19, a annoncé, mardi, la cheffe de mission en Côte d’Ivoire de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Marina Schramm.
Ce chiffre prend en compte tous les types de migrants dont par exemple les piégés sur la route de la méditerranée au Mali, au Niger ou encore les éleveurs dont la transhumance du bétail est contrariée.
Mme Schramm intervenait dans un panel consacré au thème « Le COVID-19 face aux défis de la sécurité, de l’intégration et du développement transfrontalier dans l’espace CEDEAO », organisé par la nouvelle Commission nationale des frontières de la Côte d’Ivoire (CNFCI) dans le cadre de la toute première participation ivoirienne à la Journée africaine des frontières célébrée le 7 juin depuis 2010. Pour le directeur des Circonscriptions administratives du ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Doin Doh Urie, les préfets et sous-préfets ont veillé à l’application des mesures barrières en ce qui concerne la fermeture effective des frontières, la lutte contre les contournements des barrages, l’application des mesures sanitaires, la sensibilisation et l’implication des populations des zones frontalières.
Toutefois, ils sont confrontés à l’insuffisance des structures sanitaires, à la porosité des frontières, au manque de moyens de mobilité, à des problèmes de communication, entre autres. La Côte d’Ivoire partage 30 110 km de frontières terrestres avec quatre pays (Ghana, Burkina Faso, Mali, Guinée, Liberia) et une face maritime, dans 15 régions, 40 départements et 105 sous-préfectures. Spécialiste des frontières, mondialisation et migration, le maître de conférences à l’Institut de géographie tropicale de l’Université de Cocody, Pr Nassa Dabié Désiré Axel, a souligné que la coopération transfrontalière est un outil de développement et de lutte efficace contre le COVID-19 si les frontières sont reconverties en « lieux d’intégration apaisés, de libre circulation » mais où les mesures sanitaires sont appliquées pour le redémarrage des économies de la sous-région.
Mais pour que la fermeture des frontières, le couvre-feu, l’Etat d’urgence qui entraînent le ralentissement, sinon l’arrêt des activités économiques, ne fassent le lit au terrorisme et aux pratiques illicites de toutes sortes, les services de surveillance veillent au grain et devraient tirer les dividendes de l’expérience du COVID-19 en matière d’implication des chefs de villages et des communautés.
Plus de 1 500 individus qui essayaient de contourner les barrages ont été refoulés, des centaines d’engins à deux ou trois roues interpellés, des dizaines d’individus mis aux arrêts. Après la fermeture des frontières suite aux premiers cas confirmés, l’OMS avait lancé un appel pour l’ouverture de couloirs humanitaires.
Ces couloirs servent principalement au transport d’aliments, à la distribution de médicaments, aux évacuations sanitaires. « L’Union africaine a institué depuis 2010 la Journée africaine des frontières pour éliminer les sources de tensions aux frontières des Etats et faire des zones frontalières des espaces de paix, de sécurité et d’intégration pour un développement économique, social et culturel harmonieux », dont le défi le plus prégnant est le Covid-19, a souligné le secrétaire exécutif de la CNFCI, Konaté Diakaridia.
Présidée par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, la CNFCI est chargée d’élaborer la Politique nationale des frontières et de parer aux défis sécuritaires et de développement dans ses espaces frontaliers. Cette activité s’inscrivait dans le cadre de la première participation de la Côte d’Ivoire à la Journée africaine des frontières qui en était à sa 10ème édition.
AIP