Ces dernières décennies, l’accroissement de la population carcérale est particulièrement flagrant en Amérique latine, où le nombre de personnes emprisonnées pour des infractions à la législation sur les stupéfiants a augmenté plus rapidement que la population carcérale dans son ensemble.
Partout dans le monde, les femmes sont emprisonnées pour ce type d’infractions plus que pour n’importe quelle autre et se heurtent à de plus rudes obstacles que les hommes lorsqu’elles tentent d’accéder à des peines non privatives de liberté et à des alternatives à la détention.
Les États-Unis procèdent le plus à des incarcérations liées aux stupéfiants. Un prisonnier sur cinq y purge une peine pour une infraction non violente à la législation sur les stupéfiants.
Selon un rapport conjoint de Human Rights Watch et de l’Union américaine pour les libertés civiles, aux États-Unis, une personne est arrêtée toutes les 25 secondes pour possession de drogue destinée à un usage personnel.
Des milliers d’autres personnes consommant ou soupçonnées de consommer des stupéfiants sont soumises à des arrestations arbitraires et forcées de suivre des traitements, souvent sans leur consentement. Les centres où elles sont placées sont connus pour leurs conditions déplorables et font l’objet de signalements d’actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements.
Une enquête d’Amnesty International a révélé les pratiques punitives et abusives des centres de désintoxication au Cambodge, qui manquent cruellement d’infrastructures médicales et de personnel qualifié. Au lieu d’y recevoir des traitements éprouvés, les personnes y sont détenues contre leur volonté et victimes de maltraitance systématique.
Le recours à la peine de mort
Le recours à la peine de mort pour les infractions à la législation sur les stupéfiants est peut-être l’exemple le plus extrême de l’approche punitive privilégiée par de nombreux pays. Les personnes condamnées à mort pour ce type d’infractions se situent généralement en bas de l’échelle du trafic de drogue et sont souvent issues de milieux socioéconomiques défavorisés.
Aux termes du droit international, les États qui n’ont pas encore aboli la peine de mort doivent limiter son application aux « crimes les plus graves », soit les homicides volontaires. Le recours à la peine capitale pour des infractions à la législation sur les stupéfiants constitue donc une violation flagrante du droit international.
Pourtant, les infractions à la législation sur les stupéfiants continuent d’être passibles de mort dans plus de 30 pays. Amnesty continue de documenter les exécutions pour ce type d’infractions dans quatre pays : l’Arabie saoudite, la Chine, l’Iran et Singapour. Il est probable que le Viêt-Nam procède également à de telles exécutions, bien qu’il soit difficile de l’affirmer avec certitude.
Politiques punitives, stupéfiants, torture …
La militarisation de la « guerre contre la drogue » et la nature extrêmement punitive des politiques relatives aux stupéfiants à travers le monde ont entraîné une augmentation directe des cas de torture et d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Le recours à la violence sexuelle comme forme de torture est devenu monnaie courante lors des interrogatoires, en particulier dans le cadre d’opérations liées à la drogue.
Certains pays prévoient également des peines pour les infractions à la législation sur les stupéfiants qui relèvent de la torture et d’autres formes de mauvais traitements. À Singapour, par exemple, la législation sur les stupéfiants prévoit la réclusion à perpétuité assortie de 15 coups de bâton comme seule peine alternative à la peine de mort pour les personnes reconnues coupables de trafic de drogue.